POISSONNERIE TRAITEUR GWENRANN

Mon article d'aujourd’hui vous embarque dans une nuit et un métier … Yannick Benureau, m’a raconté sa vie de poissonnier.

2H30 du matin… un café et un claquement de portière. Les premiers d’une longue série…. Yannick monte dans son camion et laisse derrière lui la Turballe endormie. Le poissonnier se rêve navigateur chaque nuit. Comme sur un bateau, il traverse les eaux des marais, il tangue sous les vagues d’asphate. Si vous l'avez déjà pris .. vous savez de quoi je parle et pour les autres.. méfiez vous donc.

La route des marais salants attend patiemment son poissonnier. Ils se connaîssent par cœur car depuis 2004, chaque nuit d’Avril à Août, Yannick éclaire de ses phares la route sinueuse qui relie la Turballe au Croisic. Deux Villes, Deux criées… 

Le Croisic 3h du matin.. La criée située sur le port se fait précieuse, elle n’accueille pas n’importe qui. Ici, il faudra aimer les langoustines qui frétillent de fraîcheur, les crabes pinçant, les homards bleus, les bouquets de crevettes…  C’est au Croisic que les crustacés attendent leurs acquéreurs. Les caisses se marchandent, on se presse… car bientôt la criée de la Turballe va ouvrir ses portes. 

Le camion reprend la route des marais… vu de loin on dirait une luciole lumineuse folle qui zigzague au dessus de l'étier. 

4H La Turballe. Cette ville, Yannick la connaît bien, puis qu’il y vit. Le jeune homme fringuant a débarqué du Loroux-Bottereaux… le chant d’une sirène l’avait attiré sur la côte, il n’en est jamais parti. Même lorsque il avait sa poissonnerie à Nantes,  il rajoutait à ce périple nocturne, un virée urbaine journalière. Mais il rentrait au port tout les soirs. Un rythme épuisant. En 2014, il réduit la voilure. Il amarre une immense remorque à son camion et cherche des marchés locaux prêts à l’accueillir comme autant de port d’échouage journalier.

La criée, les bacs de poissons frais, le négoce entre amis. Le café… le 2eme ou 3 eme je ne sais plus !! Comment décrire la chaleur de ce lieu où la glace est reine ??? Oui, c'est très chaleureux même si il y a le bruit des Fenwicks, les voies qui portent, les bancs de poissons qui frayent jusqu’aux mareyeurs. Yannick connaît tout le monde.. depuis le temps. Son atelier est même sur place. Il emporte sa prise, il nettoie, il vide, il prépare, il lève les filets. La criée a une grosse machine à glaçons (un mojito ?? Non ?? Bon tant pis.. ). C’est là bas que les poissonniers trouvent les copeaux congelés sur lesquels viendront s’étendre leurs godailles. 

6h Depart ... En été, c’est l‘heure où Yannick voit les premières lumières sur l’horizon.. camion plein, remorque attelée. Il faut qu’il se presser. Il doit être le 1er arrivé. 

6h12 bah oui.. à cette heure là, il y’a encore personne sur la route… la Porte Vannetaise l’accueille, un samedi matin, la place St Aubin est toute à lui. Et là .. ça va être Rock and Roll…...Il va devoir arrimer son Belem… sa longue, que dis-je .. son immense remorque. Moi qui galère avec une voiture normale à faire un créneau, je suis admirative. Mais du coup, il sera aussi le dernier à partir… 

La bonne humeur est de mise. Le voisin du banc de Guérande le mercredi et le samedi, sera derrière lui à Quimiac le vendredi. A St Marc sur mer, on sera loin car le marché descend la rue, mais au Croisic, on se retrouve face à face !!! Les lieux changent, mais les collègues sont les mêmes. 

Quand Yannick a eu une panne de camion, les autres commerçants se sont débrouillés pour lui en prêter afin qu’il continu à travailler. Entre eux, la solidarité n’est pas juste une jolie formule qui fait bien, c’est beau quand c’est juste la normalité, non ? 

Ce que Yannick aime à Guérande, c’est que les clients sont gentils. Et ils mangent beaucoup de poissons ! Loin de la clientèle de grande ville, ici on cuisine du petit, du gros, on a pas peur des arrêtes. D’ailleurs, Yannick trouve que ça se rajeuni sur le marché.

Avec son équipe de 4 en pleine saison, la poissonnerie Gwenrann à belle allure. Cette équipe à même quelques secrets .. si si… ils savent le poisson que préfère Zazie (la chanteuse) et la tête qu’a Philippe Katherine le matin à 10h (je pense que c’est la même que d’habitude mais avec ce gus on pourrait être surpris) 

Yannick a repris à Guérande, il y a 5 ans,  l’emplacement d’un maraîcher qui partait à la retraite. Il faut faire des demandes, postuler, passer en commission etc.… je ne m’imaginais pas que pour déballer à l’année il fallait faire un casting.

Heureusement, il compte bien rester ancré ici jusqu’à la retraite.. dans très très longtemps. Le vieux loup est encore jeune. Plein de gentillesse et de modestie, timide même…  la gouaille du poissonnier... c'est pas son truc. J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir son univers. Un rythme de nuit de 5 heures et de sieste. Les 4 cafés dont il a besoin.. que 4 ???  Des vacances en janvier… vu que c’est la trêve hivernale des bateaux, c’est un métier où on ne choisi même pas ses congés. C’est une vie qui demande du courage, de la passion. Le poissonnier ne semble même pas s’en apercevoir tellement il aime son quotidien.